
©Y.C
Marchant sur ces pierres posées, j’ai croisé ton regard.
S’étendaient sur l’estran des figurines humaines.
Les goélands voilaient ma vue sur le phare,
Soleil couchant sur Cézembre, il est déjà tard.
Panoramique sur fond de brises enfumées,
Je ne sais plus si je dois partir ou bien rester.
La mer, le sable, le vent, la liberté,
Dans tes remparts que de souvenirs imprimés.
Fermant les yeux, je sens ces fragrances lointaines,
Bateaux revenus au port, poissons à la criée,
Senteurs d’algues sur pierres échaudées à peine,
Brise du large, c’est la mer qui coule dans mes veines.
Une corde flotte au fil du vent,
Une accalmie se précise de temps en temps.
Me revient la tonalité de cet accord majeur,
Je tremble, marche sur la digue, je pleure.
Posant mon corps fébrile à même le sable fin,
Bruit doux du reflux lent et de vagues éparses.
Poète entends-tu le son du retour des marins,
Du haut du Grand-bé ? Ils reviennent chaque matin.
C’est ton sable qui brille,
L’écume d’un bateau, en partance, qui scintille.
C’est le vol silencieux d’un poète,
Un son essoufflé, au loin le cri de la mouette.
Prenant au creux de ma main la bernique écrasée,
Étonné par ce qui se cachait sous ce chapeau,
Buvant par mégarde une goutte d’eau salée,
Coule sur ma joue, cette larme aux saveurs du passé.
Deux minutes, je n’ai pas encore réfléchi,
A ce voyage qu’on m’a promis,
A ce que j’allais dire à mon capitaine,
Au sujet de ce salaire qui me fera laisser ce que j’aime.
Passant par l’extrémité du môle des noires,
Dans une solitude bienfaisante où je me perds,
Petite mélancolie passagère d’un soir,
Personne pour me dire si l’on va se revoir.
Je ne sais pas encore ce que je vais faire,
T’attendre toujours ou tout laisser derrière.
D’un côté cet appareillage, songe d’une course au long cours,
De l’autre toi, la cité, les amis, mes beaux amours.
Un kitsurf s’envole dans un ciel éternel,
Ô mon dieu que ta mer est belle !
Adossé aux remparts, sur ces pierres où je pose mes mains,
Vision sur l’horizon, ce bleu en attendant demain.
C’est le goût prononcé de ton sel qui flétrit la peau,
L’effluve de ton air qui embrase les mots.
Le son que tu fais dans les haubans, qui endort,
Ce paysage à perte de vue qui vaut de l’or.
Saint-Malo es-tu restée la même…
…depuis que je suis parti ?